Présentation
Leny Patinaux est chercheur post-doctorant au Latts depuis octobre 2018 et financé par l’Ifris. Ses recherches portent sur l’optimisation de l’approvisionnement énergétique. À partir d’une étude de la conception et des usages d’outils de modélisation, il cherche à saisir comment les impératifs économique et écologique d’optimiser la production et la distribution d’énergie se conjuguent avec un troisème impératif, construire des systèmes techniques robustes. Ce questionnement repose sur le postulat que les modèles sont toujours des représentations simplifiés de la réalité. De ce fait, les analyses de risques – technologiques, environnementaux, politiques ou économiques – doivent composer avec l’existence d’incertitudes sur le fonctionnement réel des systèmes qu’il s’agit de gérer au mieux. De plus, la modélisation de l’approvisionnement énergétique impose de mettre en économie les évolutions envisagées du marché de l’énergie. Cette construction quantifiée des futurs de l’énergie se heurte notamment à la difficulté d’appréhender les évolutions techniques et géopolitiques. Par cette étude, Leny Patinaux essaie ainsi de repenser le déploiement des systèmes énergétiques à partir des pratiques de calcul et de la territorialité des installations.
Auparavant, Leny Patinaux a soutenu en décembre 2017 une thèse au Centre Alexandre Koyré sous la direction de Dominique Pestre. Intitulée Enfouir des déchets nucléaires dans un monde conflictuel. Une histoire de la démonstration de sûreté de projets de stockage géologique, en France (1982-2013), elle a été financée par l’Andra entre 2012 et 2015. Cette thèse est organisée autour de deux questionnements. D’une part, que font pratiquement les ingénieur.es de l’Andra lorsqu’ils et elles travaillent à montrer la sûreté d’un ouvrage chargé de protéger l’humanité durant plusieurs centaines de milliers d’années (le temps de la décroissance radioactive de certains radionucléïdes contenus dans les déchets nucléaire) ? Et d’autre part, qu’implique la problématisation de la question du devenir des déchets nucléaires comme une question scientifique? Ainsi, cette thèse s’attache à tenir ensemble la question de l’administration de la preuve de la sûreté d’un stockage et celle du gouvernement de l’aval du cycle nucléaire.
Leny Patinaux est chargé d’enseignement à Sciences Po, à Télécom ParisTech et à l’Université de Paris 8.
Il participe également à l’animation du séminaire L’utopie technicienne et ses déchets : l’État nucléaire à l’épreuve des territoires en lutte à l’EHESS.
Thèse
Titre : Enfouir des déchets nucléaires dans un monde conflictuel. Une histoire de la
démonstration de sûreté de projets de stockage géologique, en France (1982-2013).
Laboratoire : Centre Alexandre Koyré, EHESS.
Directeur de thèse : Dominique Pestre (directeur d’étude à l’EHESS).
Financement : allocation doctorale de l’Agence nationale pour la gestion des déchets
radioactifs (Andra), 2012-2015.
Date de soutenance : 11 décembre 2017.
Jury :
- Luis Aparicio, chargé de recherche, Andra.
- Soraya Boudia, professeure, Université Paris Descartes, Cermes3 (rapporteure).
- Claude Gilbert, directeur de recherche émérite, CNRS, Pacte.
- Gabrielle Hecht, Frank Stanton Foundation Professor of Nuclear Security, Stanford University, Cisac (rapporteure).
- Dominique Pestre, directeur d’étude, EHESS, Centre Alexandre Koyré.
- Sezin Topçu, chargée de recherche, CNRS, Cems.
Manuscrit déposé sur HAL : https://hal.archives-ouvertes.fr/LATTS/tel-01974327v1
Comment démontrer la sûreté d’un stockage géologique de déchets nucléaires dont le contact avec l’humanité restera dangereux durant des centaines de milliers d’années ? En s’appuyant sur une étude dans les archives de l’Andra, une série d’entretiens et des observations, cette thèse étudie l’appréhension du risques et des incertitudes liés à ce projet et aux temps quasi-infini qu’il met en jeu.
D’une part, la thèse montre la diversité des pratiques mobilisées qui s’accumulent au cours du temps afin de tenter d’appréhender l’évolution d’un tel ouvrage et d’en montrer la sûreté. D’autre part, elle s’attache à analyser comment la problématisation du devenir des déchets nucléaires comme une question de recherche a un temps permis de rendre ces rebuts gouvernables.
Ainsi, ce travail lie l’administration de la preuve de la sûreté d’un ouvrage au gouvernement d’un projet industriel fortement contesté. Il ouvre également à une discussion critique sur les promesses portées par les promoteurs d’une « démocratie technique ».