Marie Veltz

La ville des plateformes à l’ère du numérique. Les enjeux politiques de l’émergence d’un nouvel imaginaire-pratique

 

Directeur de thèse : Antoine Picon

Soutenance prévue le 18 décembre 2020

Résumé

Depuis une quinzaine d’années, les villes font face à l’essor du numérique. Ce sujet est mis à l’agenda non seulement par les acteurs publics qui se sentent plus ou moins sommés d’entrer dans la modernité de la « smart city », mais aussi par une grande diversité d’acteurs extérieurs au champ urbain traditionnel, qui y voient des opportunités économiques. La thèse s’appuie sur une enquête menée dans les métropoles de Nice, Rennes et Montpellier. Elle interroge les effets du numérique sur les dynamiques d’action collective et sur les liens entre policies et politics. L’analyse détaillée des modalités d’appropriation par les collectivités locales montre que l’emphase communicationnelle est souvent supérieure aux réalisations concrètes, mais que le tournant numérique n’en est pas moins porteur de déstabilisations assez fortes, en bousculant les pratiques, mais aussi et surtout en faisant naître de nouvelles interrogations sur les fondements mêmes de leur action. L’enquête montre ensuite que derrière les rhétoriques d’affichage très standardisées se dessinent des parcours et des accentuations différentes dans les trois territoires, en même temps qu’apparaissent les contours d’une trajectoire spécifiquement française des métropoles dans leur rapport au numérique. Enfin, la thèse met en lumière l’affirmation avec le numérique de la figure de la plateforme, que ce soit dans les pratiques, les discours ou les imaginaires des acteurs. Celle-ci révèle en même temps qu’elle précipite une rupture avec le modèle de la ville des réseaux qui a dominé nos imaginaires depuis 150 ans, et dont la thèse explore les conséquences politiques.

Abstract
Over the past 15 years, cities have been dealing with the digital surge. This topic represents a significant priority not only for public stakeholders more or less compelled to move into the modernity of the «smart city», but also for a wide range of stakeholders unrelated to the traditional urban field, for which such a stake has become an economic opportunity. This dissertation is based on a survey carried out in the metropolitan areas of Nice, Rennes and Montpellier. It analyzes the effects of digital technology on collective action and on the links between policies and politics in the digital age. The detailed analysis of the appropriation process carried out by local authorities reveals that communicational logic prevails over tangible achievements, but that the digital turning point is, nonetheless, a source of fairly strong destabilisation, shaking practices up, and above all, raising new questions about their legitimacy. Beyond the highly standardized rhetoric, the survey shows that developments and orientations are quite different in the three metropolises. Meanwhile, a specific model is gradually taking shape that unifies the three cases in a typical French trajectory. Finally, the work highlights the rise of the idea of platforms, which has been spreading in the actors’ discourses and systems of representation as well as in the content of numerous projects. This is leading to a shift in the stakeholders’ social imagination, which is increasingly at odds with the model of the network city that has prevailed in our imaginations for the last 150 years.

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