Sarra Kasri

Biographie

Sarra KASRI est architecte de formation. Après un Master de recherche en architecture sur la thématique des processus concurrentiels dans la fabrique des projets présidentiels, elle a consolidé sa formation d’architecte par un Master Professionnel d’ingénierie (Projet Tempus) intitulé « Techniques et Calculs Avancés en Construction et Environnement » à l’issu duquel elle a orienté ses réflexions vers la thématique de l’architecture et des risques. (2009). Dans l’objectif de construire une approche architecturale de la gestion des risques, Sarra Kasri a complété sa formation par un Master de recherche à l’EHESS sur les études comparatives de développement à travers une réflexion sur «Habiter la catastrophe ».

Actuellement, Sarra Kasri est Enseignante à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris-Belleville au Diplôme de Spécialisation et d’Approfondissement en architecture (DSA) «Architecture et Risques Majeurs».  Elle encadre des Architectes se spécialisant dans la gestion des risques. L’enseignement proposé dans le premier semestre du DSA Architectures et Risques Majeurs s’inscrit dans les sillages du décalage conceptuel qui énonce la problématique des catastrophes non pas par le biais des risques mais à travers l’évolution des constructions des territoires et plus précisément les récits de leurs architectures. L’enjeu étant double, proposer un modèle d’analyse du territoire qui s’inscrit dans une approche de prévention des risques mais aussi questionner la pratique architecturale face à cette problématique universelle.

Egalement, Sarra Kasri conduit des recherches sur les logiques d’interactions entre l’architecture en tant que matérialités habitées et signifiantes et les risques.

https://www.paris-belleville.archi.fr/acteur/sarra-kasri/

Thèse

L’architecture comme marqueur de risque, au risque des temporalités urbaines

Dans le cadre des recherches sur les risques et indépendamment des champs disciplinaires dans lesquels elles s’inscrivent, une majorité des approches passe par la catastrophe pour l’identification des risques. Ce constat a longtemps emprisonné la thématique des risques dans l’histoire évènementielle. Notre thèse s’inscrit dans le changement de conception de l’Histoire opéré par Fernand Braudel. Définie comme un dépassement de l’évènement, l’Histoire se structure à travers des rythmes profonds : c’est l’Histoire de la longue durée que nous proposons de documenter par « la trajectoire morphologique du territoire urbain». Elle servira de base à la compréhension des situations de risque par le biais « des carrières de l’architecture ». En effet, cristallisant des épaisseurs spatio-temporelles, l’architecture est considérée comme un processus de stabilisation d’une matérialité habitée et signifiante ancrée dans des réseaux sociotechniques. Et c’est à travers la mouvance de ses strates historiques et de l’hybridation des dimensions de l’architecture que des situations à risque peuvent émerger et d’autres peuvent se résorber. L’argumentaire de cette thèse tentera de discuter cette hypothèse en mobilisant essentiellement une approche historique, un ancrage dans la théorie de l’architecture et des références sociogéographiques sur les risques. L’objectif est alors une caractérisation de l’architecture qui a la capacité de saisir la propriété instable et les dimensions volatiles du risque.

Le centre ancien de Tunis présente les potentialités d’un pertinent terrain d’observation, ce choix se justifie principalement par son rapport perplexe aux risques : vulnérable sans avoir vécu récemment d’événements catastrophiques. Ainsi, l’analyse de trois typologies architecturales représentatives de Tunis : une maison traditionnelle, un immeuble européen et une habitation spontanée, nous permet d’identifier trois niveaux de compréhension des dynamiques de la production des risques en liaison avec des conjonctures scientifiques, économiques, sociales voir même écologiques: 1/ la cristallisation des risques par l’hybridation technique à travers des attachements risqués, 2/ l’amplification des risques par l’hybridation des usages et des normes, 3/ la fluctuation des situations de risque à travers le caractère récalcitrant  de ce dernier. Par conséquent, en s’inscrivant dans le paradigme des racines extensives des risques, notre thèse met en évidence les processus générateurs de ces derniers documentés par le prisme des temporalités urbaines et des hybridations architecturales. Elle révèle l’importance de documenter les systèmes des croyances et des connaissances de chaque territoire. En effet, la déperdition des connaissances ou leurs aliénations, concernant les aléas, les normes sociales, les matérialités architecturales et les modes d’habiter, est le moteur déclencheur des situations de risques. Au final, cette thèse propose la construction d’un savoir architectural des risques basé sur une logique indicielle qui s’inscrit dans une restitution des savoirs historiques conjecturaux réactivés par un raisonnement par analogie à travers les retours d’expérience.

Publications

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