Présentation
Artiste, écrivain, chercheur. Né à Toronto (Canada) en 1973. Vit et travaille à Paris. Il enseigne à l’École des Arts décoratifs de Paris.
Site web : d-w.fr
De 1999 à 2007, il mène une recherche de terrain dans la Sunbelt états-unienne et plusieurs autres pays du monde. Il s’agit d’interroger ce que le développement des gated communities nous enseigne sur l’espace public de la ville en réseau automobile. Cette recherche a donné lieu à la publication du livre Prisonniers volontaires du rêve américain (éd. de la Villette, 2006).
À partir de 2003, il mène une activité d’artiste et chercheur, le plus souvent en collaboration avec l’artiste Gwenola Wagon. Cela a donné lieu à plusieurs projets, parmi lesquels :
Le film Cyborgs dans la brume (2011) présente le Laboratoire LOPH (Lutte contre l’Obsolescence Programmée de l’Homme) autour d’un territoire situé à l’ouest de la ville de Saint-Denis.
L’installation Dance Party in Iraq (2012) présente une collection de vidéos amateurs de militaires qui dansent sur le champ de bataille, en Irak ou en Afghanistan.
Le film World Brain (Arte, 2015) propose une excursion à travers différentes formes de folklore : data centers, magnétisme animal, l’Internet comme un mythe, la vie intérieure des rats, comment réunir un réseau de chercheurs dans la forêt, comment survivre avec Wikipédia, comment connecter les chatons et les pierres…
Le livre Psychanalyse de l’aéroport international (éd. 369, 2019), décrit l’aéroport international comme le point de plus forte concentration de la modernité, de ses promesses et de ses angoisses.
L’installation Institut de néoténie pour la fin du travail (Cité du design, 2017) propose d’explorer les bureaux d’un call center abandonné, dévoré par la jungle. Les ordinateurs, encore en marche, montrent les symptômes les plus criants de l’avilissement du travail au début du 21e siècle.
Thèse : Société-nuage
Société-nuage
Cette thèse se déroule, comme une peinture de paysage chinois que le regard parcourt lentement. J’utilise cette forme car je décris un panorama. Il n’est pas fait de montagnes dans la brume ou de buissons balayés par le vent, mais de centres de traitement de données, d’entrepôts de livraison, de flux de réseaux sociaux…
J’explore l’hypothèse qu’Internet s’inscrit dans un mouvement général de réduction de la société à des composants de petite échelle, ce qui permet une fluidification de ses mécanismes. Une idée de chimiste – la décomposition en poudre de la matière, avant de procéder à sa recomposition – est également appliquée aux relations sociales, à la mémoire, à l’humain en général.
Tout comme la réduction en poudre de la matière accélère les réactions chimiques, la réduction en poudre de la société décompose et recompose, accélère la matière dont est fait l’humain.
Elle multiplie les réactions au sein de la société, les productions de l’humanité, la chimie sociale : combinatoire des passions (Charles Fourier), hyperfragmentation du travail (Mechanical Turk), décomposition du savoir (Paul Otlet), Internet des neurones (Michael Chorost), société par agrégation des affects (Facebook). C’est ce que j’appelle la «société-nuage».