Directeur de thèse : Pascal Ughetto
Les technologies numériques connectées à base d’intelligence artificielle, dont l’engouement est palpable depuis quelques années, rendent possible de recueillir de nombreuses données porteuses d’information, au point que les entreprises sont amenées à considérer leur utilisation au sein de l’environnement professionnel. Leurs concepteurs suggèrent ainsi d’utiliser les données récoltées comme un moyen favorisant la construction de politiques de santé au travail en récoltant des données sur l’activité de travail. Réel instrument permettant des avancées dans la conception de politiques de prévention et de traitement des risques, des accidents et des maladies professionnelles ou illusion techniciste ? Connaissance du travail bénéficiant aux salariés autant qu’aux employeurs et aux assureurs ou nouveaux outils de surveillance ? Ces technologies soulèvent de nombreuses questions (utilisation, visées, usages). La thèse défend que l’une des questions les plus cruciales est le modèle de conceptualisation sous-jacent à la conception de ces objets : modèle représentant le travail comme un acte mécanique et contrôlable ou comme une activité déployée par des sujets ? Son objectif est d’éclairer la question de la prise en compte du travail au travers de l’analyse d’une série d’innovation techniques que certains qui s’interrogent encore sur leur utilité veulent voir comme des solutions d’avenir. En analysant comment un marché numérique tente de se structurer et se légitimer, nous montrons comment s’y construit une représentation de la « santé connectée au travail » par des acteurs parfois très éloignés de ce champ et qui s’engagent dans la diffusion de nouveaux modèles d’innovation, et trouvant des échos dans l’histoire de la construction des questions de santé au travail notamment basés sur la quantification. Quand ces nouvelles formes technologiques se confrontent à la réalité des pratiques, la thèse montre, en se penchant tant sur la construction du dispositif d’innovation, que les enjeux soulevés par ces expérimentations et les significations qu’y attachent les porteurs de projets et leurs récipiendaires, que la conception du service ne peut faire l’économie de penser le lien entre la technologie et le travail. Au-delà, la thèse soutient que ce lien ne va pas de soi et fait l’objet, dans la conception, d’un investissement qui soutienne des apprentissages tant sur la technique et les méthodologies de conception que sur les questions de travail.
Mots clés : digital, activité de travail, santé au travail, digital, technologies, intelligence artificielle
Soutenance de thèse le mardi 26 septembre 2023
Année d’inscription en thèse : 2016
Ecole doctorale : Organisations, Marchés, Institutions (OMI)
Le jury sera composé de :
Marc-Éric BOBILLIER-CHAUMON, professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers (rapporteur)
Sophie BRETESCHÉ, professeure, Institut Mines Telecom Atlantique (rapporteure)
Pascale LEVET, professeure associée, Université Lyon 3 (examinatrice)
Manuel ZACKLAD, professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers (examinateur)
Pascal UGHETTO, professeur des universités, Université Paris-Est Marne-la-Vallée (directeur de thèse)