Directeur de thèse : Jean-Pierre Lévy
L’architecture comme marqueur de risque, au risque des temporalités urbaines
Le passage par la catastrophe a emprisonné la plupart des recherches sur le risque dans l’histoire évènementielle. En dépassant cette posture et dans le courant tracé par Fernand Braudel, notre thèse s’inscrit dans l’Histoire de la longue durée, documentée par « la trajectoire morphologique du territoire urbain» et « les carrières de l’architecture ». En d’autre termes, nous nous appuierons sur les traces de l’histoire de la morphologie des territoires pour appréhender l’architecture comme un processus de stabilisation d’une matérialité habitée et signifiante ancrée dans des réseaux sociotechniques. Notre hypothèse est que l’hybridation de l’architecture permet d’identifier la mouvance de ces strates historiques (au sens de Marcel Roncayolo) en faisant apparaitre les situations à risques et leur résorption. La thèse vise à discuter cette hypothèse à travers une approche historique, un ancrage dans la théorie de l’architecture et des références sociogéographiques. L’objectif final étant de proposer une approche innovante de l’architecture en montrant qu’elle peut être un révélateur de la propriété instable et des dimensions volatiles du risque.
Le centre ancien de Tunis constitue le support à notre approche empirique. Ce choix se justifie principalement par le fait qu’il s’agit d’un territoire exposé aux risques, qui n’a pourtant pas subi récemment d’événements catastrophiques. Notre analyse repose sur l’étude de trois typologies architecturales représentatives de l’histoire de Tunis: une maison traditionnelle, un immeuble européen et une habitation spontanée. Elles nous permettent d’identifier trois niveaux de compréhension des dynamiques de la production des risques en liaison avec des conjonctures scientifiques, économiques, sociales voire même écologiques: 1/ la cristallisation des risques par l’hybridation technique à travers des attachements risqués, 2/ l’amplification des risques par l’hybridation des usages et des normes, 3/ la fluctuation des situations du risque à travers son caractère récalcitrant. En s’inscrivant dans le paradigme des racines extensives des risques, la thèse met en évidence ses processus générateurs à travers le prisme des temporalités urbaines et des hybridations architecturales. Elle révèle l’importance de documenter les systèmes des croyances et des connaissances de chaque territoire. La perte de la mémoire des catastrophes naturelles, ajoutée à la déperdition et l’aliénation des connaissances au sujet des aléas, des normes sociales, des matérialités architecturales et des modes d’habiter sont les moteurs déclencheurs des situations de risques. Au final, cette thèse propose la construction d’un savoir architectural des risques basé sur une logique indicielle, qui s’inscrit dans une restitution des savoirs historiques conjoncturaux réactivés par les retours d’expérience.
Soutenance de thèse le vendredi 8 octobre 2021
Mots clés : Risques – Architectures – Hybridations – Matérialités – Temporalités – Tunis
Année d’inscription : 2013
Ecole doctorale : VTT – Ville, Transports et Territoires
Composition du jury
Abdallah Farhi , Professeur à l’université de Tunis (codirecteur)
Jean Pierre Lévy, Directeur de recherche CNRS au LATTS (codirecteur)
Michel Lussault, Professeur à l’ENS de Lyon (rapporteur)
Valérie November, Directrice de recherche CNRS au LATTS
Marie-Vic Ozouf-Marignier, Directrice de recherche à l’EHESS
Pascale Philifert, Professeure des universités, Université Paris Nanterre
Jeffrey Raven, Professeur associé au New York Institute of Technology
Magali Reghezza-Zitt , Maitresse de conférence à l’ENS de Paris (rapporteur)