Directeur de thèse : Alexandre Mathieu-Fritz
Ce projet de recherche doctorale porte sur le télétravail, c’est-à-dire un mode d’organisation du travail à distance, qui, depuis un an et demi, est en pleine transformation. Il propose de réinterroger l’expérience du télétravail et sa mise en œuvre dans le monde de l’entreprise, dans un contexte où celles-ci ont été imposées dans le cadre des mesures sanitaires prises par le gouvernement français afin de lutter contre la propagation du Covid-19. Si de nombreuses enquêtes et études ont été consacrées au télétravail durant les décennies qui ont précédé la crise sanitaire, l’intérêt actuel d’une nouvelle recherche réside dans le fait que le contexte de sa mise en œuvre a grandement évolué. Tout d’abord, les entreprises ont été contraintes de l’imposer dans des délais extrêmement courts à diverses catégories de salariés et ce, bien souvent, en couvrant des proportions du temps de travail beaucoup plus importantes que par le passé. Le télétravail n’a donc pas été choisi ou négocié, alors qu’il pouvait l’être avant la crise sanitaire et les mesures gouvernementales. Ainsi, un grand nombre de salariés n’ont pas eu d’autre choix que de télétravailler, et d’apprendre, en quelques jours, à utiliser de nouveaux outils, à intégrer de nouvelles pratiques à leur travail et à communiquer de manière différente. Cette dynamique a également contribué à développer de nouvelles significations à l’égard du travail, à brouiller les frontières entre vie domestique et vie professionnelle. Puis, elle a pu engendrer une confusion des rôles et des temporalités, en contraignant certains salariés à travailler à distance, tout en s’acquittant parallèlement des tâches domestiques, ou celles consistant à faire l’école à domicile. Enfin, le télétravail a été associé pendant cette période à la santé mentale des salariés. Autrement dit, il semble que ce mode d’organisation du travail ait eu un impact négatif très important sur celle-ci. L’ambition est à cet égard de tenter de comprendre quelle place ont donné les entreprises et les divers acteurs travaillant en leur sein aux thématiques de la santé au travail dans le cadre du télétravail depuis le premier confinement. Il s’agit plus précisément de s’intéresser à l’association qui a été faite entre ce mode d’organisation du travail à distance et la santé mentale. Plusieurs séquences temporelles seront considérées, les périodes de télétravail « majoritaire » voire « total » (du point de vue du temps de travail), mis en place à partir du premier confinement en mars 2020, ainsi que celles de retour partiel, voire complet, sur les lieux de travail concernés, auxquelles s’ajoutent les périodes à venir. Ce projet de recherche s’inspire de la sociologie interactionniste et se situe au croisement de plusieurs branches de la discipline sociologique telles que les sociologies du travail et de l’activité, des organisations, des institutions, des technologies de l’information et de la communication. Il propose d’étudier le télétravail et la place donnée à la santé au travail ainsi qu’à la santé mentale, en se concentrant sur trois niveaux d’analyse : macro, méso et micro-sociologique.
Année d’inscription : 2021
Ecole doctorale : Organisations, Marchés, Institutions (OMI)