Sylvy Jaglin J. et Dubresson A.
Eskom. Electricité et pouvoir en Afrique du Sud
Editions Karthala, 2016, 228 p. (Coll. Terrains du siècle)
Premier producteur africain d’électricité, Eskom Holdings SOC Ltd est une entreprise publique en monopole, verticalement intégrée et détenue à 100% par l’État sud-africain. Ébranlé en 2008 par des ruptures locales de la fourniture d’électricité, puis contraint à pratiquer des coupures tournantes, ce champion national est, début 2015, proche du désastre technique et du naufrage financier. Cet ouvrage tente de comprendre comment et pourquoi une entreprise emblématique du capitalisme d’État sud-africain est aujourd’hui en état de détresse.
La crise dite électrique est d’abord celle d’Eskom en tant qu’organisation. Il faut en chercher les origines dans les rapports entre la construction du pouvoir d’État, avant, pendant et après l’apartheid, et celle d’Eskom, née sous forme d’une commission en 1923, corporatisée en 1987 et convertie en entreprise publique en 2001. Au-delà des dysfonctionnements techniques du réseau, qui sont réels, le régime technopolitique néopatrimonial d’Eskom atteint ses limites.
Privée de stratégie industrielle dans les années 2000, Eskom est en revanche devenue un puissant outil du Black Economic Empowerment et de la redistribution de la rente charbonnière, mais la fragilisation de son système technique ébranle tout l’édifice politique. L’entreprise publique, aujourd’hui inefficace, est de plus en plus contestée et son monopole, voire son existence, sont remis en question.