Directeur(s) de la thèse : Sylvy Jaglin , Claude Cohen
L’accueil de plusieurs événements internationaux ayant réactualisé l’enjeu sécuritaire, dès la fin de l’année 2008, le gouvernement de l’État de Rio de Janeiro a mis en place une nouvelle politique de sécurité publique pour reprendre le contrôle territorial d’un grand nombre de favelas en s’appuyant sur les Unités de police de pacification (UPP). Dans ce cadre, les pouvoirs publics ont en partie remodelé leur projet d’intégration des favelas. Depuis les années 1990, il était principalement envisagé en termes d’aménagement, par l’amélioration des infrastructures et des voies d’accès ainsi que, dans une moindre mesure, de régularisation foncière et urbaine. Désormais, les autorités envisagent de promouvoir « l’intégration par la régularisation » des relations marchandes et administratives, associant les différents acteurs des sphères publiques et privées. Cette thèse pose la question de l’intégration des favelas selon une perspective peu explorée : celle de la régularisation par le réseau d’électricité, dont l’objectif est de faire des « usagers clandestins » de nouveaux « clients abonnés », liés à l’entreprise de distribution par un compteur. En particulier, nous nous attacherons à mettre en exergue l’articulation entre logiques publiques et privées à l’oeuvre dans les projets de régularisation du service d’électricité dans deux favelas, Santa Marta et Cantagalo. Pour ce faire, notre analyse se propose d’étudier la régularisation du service d’électricité à travers ses outils – sociotechniques (installation des compteurs et réfection du réseau), commerciaux (modes de recouvrement des factures) et de maîtrise de la consommation d’électricité – et leurs modes d’appropriation par les abonnés. La recherche montre que la régularisation du service d’électricité reconfigure la relation des favelados à l’Etat et au marché qui se heurte à certaines limites : la relation commerciale contractualisée peine à s’ancrer dans un rapport de confiance ; les actions de maîtrise de la consommation prônent une « mise aux normes » des comportements plus qu’un accompagnement des usages ; la régularisation du service reproduit plutôt qu’elle ne dépasse les inégalités socio-économiques, qui perdent par ailleurs progressivement leur caractère politique. Cette thèse vise ainsi à contribuer à une meilleure compréhension des modalités d’intégration des favelas dans le cadre d’une néolibéralisation accrue des politiques urbaines.
Mots-clés: régularisation, service d’électricité, favelas, Rio de Janeiro
Soutenance de thèse le vendredi 6 février 2015
Doctorat : Aménagement de l’espace, Urbanisme
Année d’inscription en thèse : 2009
Ecole doctorale : VTT – Ville, Transports et Territoires