Jérémie Cavé : La gestion disputée d’un mal public impur : Economie politique des ordures

Directeur(s) de la thèse : Olivier Coutard, Joël Ruet

Sur la base d’investigations empiriques dans deux villes ordinaires de pays émergents –Vitória au Brésil et Coimbatore en Inde- nous expliquons pourquoi la gestion des déchets municipaux au Sud ne peut pas exclure les acteurs dits « informels » sous peine d’aboutir à des fiascos. Ce constat est désormais unanimement reconnu, sans qu’en soient pour autant explicitées les raisons.

Nous partons de l’observation empirique de conflits d’appropriation, qui apparaissent lors de l’introduction de schémas municipaux de collecte sélective et transcendent la dichotomie entre gros opérateurs privés et petits wastepickers. Ces heurts nous amènent à formuler la question centrale suivante : à qui appartiennent les déchets, res derelictae, objets précisément définis par leur abandon ?

C’est ici que réside l’apport de notre recherche : en confrontant la théorie économique à une approche d’aménagement urbain, nous démontrons que le gisement de déchets urbains correspond à un bien (ou un ‘mal’) public impur : rival, mais non excluable. Cette caractéristique est due autant aux ruptures de charge du service d’évacuation, qu’à la valeur marchande d’un nombre croissant de matériaux -à condition qu’ils soient captés à la source.

Enfin, en abordant la question à une échelle plus macro, nous affirmons que le négoce local de revente des déchets secs est directement influencé par les cours des matières premières vierges, ou secondaires (lorsque de tels marchés existent). Cette prégnance de l’économie globale sur un service urbain local permet de repérer des stratégies émergentes d’extraction minière urbaine qui aboutissent à poser avec une acuité renouvelée la question de la légitimité des appropriations.

Mots-clés : Déchets urbains, Economie politique, Emergents, Conflits, Brésil, Inde

Thèse soutenue le 21 février 2013

Ecole doctorale : Ville Transports et Territoires

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