Sandrine Zawacki – Les céramistes : artistes ou artisans ? Le rôle des universités dans le positionnement des créateurs aux États-Unis

Directrice de thèse : Corinne Delmas (Université Gustave Eiffel)

Photo de Sandrine Zawacki

Cette thèse questionne le rôle des universités étatsuniennes dans la division entre l’art (fine art) et l’artisanat (folk art) et plus particulièrement dans la qualification et la professionnalisation des artistes. Cette analyse se fait à partir de l’exemple des céramistes dans l’État de Géorgie (au Sud-Est des États-Unis) et mon enquête est essentiellement basée sur des entretiens semi-directifs avec des potiers et des sculpteurs, ainsi que sur des observations des lieux de travail. Ma recherche suggère une dimension comparative, avec la mise en évidence des spécificités du champ culturel aux États-Unis, au cœur duquel se trouvent les universités.
Ma thèse s’inscrit dans une démarche socio-historique, analysant l’évolution de la céramique dans le contexte du développement de l’enseignement supérieur au 20* siècle, avec la naissance des études universitaires de folklore et des départements d’art. Elle s’organise en trois grandes parties.
La première partie est consacrée à la folk pottery, ou la poterie artisanale. Elle retrace l’installation des potiers aux 18o et 19e siècles dans les campagnes géorgiennes, leur prospérité au sein de cette économie rurale, puis leur quasi-disparition au 20* siècle. Elle montre comment les universités étatsuniennes ont contribué à élever ce type de poterie au rang de patrimoine culturel, tout en excluant les potiers ne répondant pas aux critères de l’artisanat traditionnel établis par les spécialistes du folklore.
La deuxième partie se focalise sur l’émergence des céramistes d’art et leur intégration dans les universités. Ce développement met en valeur la participation des femmes à cette artification de la céramique, qui prend de l’ampleur avec le mouvement Arts and Crafts à la fin du 19e siècle. Les premiers céramistes intègrent les départements d’art dès le début du 20e siècle mais le processus d’institutionnalisation se renforce entre les années 1945 et 1975. Cette dernière période est en effet marquée par une croissance exponentielle des universités, largement expliquée par une volonté fédérale de démocratiser l’enseignement supérieur. Comme bien d’autres créateurs, les céramistes qui travaillent dans les facultés doivent alors définir leurs fonctions, dessiner les contours de leur profession et établir les frontières à franchir pour faire partie de leur groupe. Leur insertion au monde universitaire favorise leur identification en tant qu’artistes et la reconnaissance de leurs créations comme œuvres d’art.
La troisième partie est dédiée à une analyse de la structuration actuelle de cet espace professionnel : avec la baisse des budgets universitaires à partir des années 1975, l’accession à un statut de professeur d’art représente un idéal atteint par une minorité seulement de privilégiés. Ces deux derniers chapitres s’attachent à éclairer la diversité des positions existantes dans cet espace caractérisé à la fois par une grande proximité entre les acteurs et de vives concurrences. Finalement, la thèse s’achève en exposant les valeurs partagées par les céramistes, dont l’origine se trouve dans leur formation universitaire commune. Elle montre aussi comment les universités attirent les créateurs, qui se maintiennent en activité grâce aux campus et à leurs instituts culturels, à leur personnel et à leurs étudiants.

Soutenance le lundi 17 novembre 2025

Année d’inscription : 2018
École doctorale : OMI – Organisations, Marchés, Institutions

Composition du jury :

  • Marc Perrenoud, Maître d’enseignement et de recherche, Université de Lausanne, Rapporteur
  • Frédéric Poulard, Professeur des universités, Université Paris Cité, Rapporteur
  • Sonia Birocheau, Maîtresse de conférences, Université Paris-Est Créteil, Examinatrice
  • Elizabeth Browne, Assistant Professor, University of Georgia, États-Unis, Examinatrice
  • Alexandre Mathieu-Fritz, Professeur des universités, Université Gustave Eiffel, Examinateur
  • Corinne Delmas, Professeure des universités, Université Gustave Eiffel, Directrice de thèse
  • Flora BAJARD, Chargée de recherche, CNRS, Co-encadrante

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