De la conception à l’exploitation ? L’intégration des préoccupations d’exploitation des systèmes énergétiques dans la conception des projets urbains
Face aux retours d’expériences négatifs pendant l’exploitation des projets urbains durables, les acteurs de l’urbanisme se mettent à intégrer de plus en plus les préoccupations d’exploitation des systèmes énergétiques dans la conception. L’objectif de cette recherche est d’interroger les effets de cette intégration des enjeux d’exploitation sur le processus de conception urbaine. À partir d’une analyse de cas, nous montrons que l’intégration des préoccupations d’exploitation engendre des évolutions des choix techniques, des objectifs énergétiques et de l’organisation sociale de la conception. On assiste à une bifurcation des choix techniques, suite à des apprentissages en double boucle des acteurs, où il s’agit de revoir les objectifs en cours de conception pour pourvoir avancer. En effet, raisonner en termes d’exploitation amène à réaliser des choix de conception différents priorisant la qualité d’usage et de services rendus. En matière d’organisation de la conception, l’intégration des préoccupations d’exploitation ne requestionne pas le rythme hiérarchique et linéaire d’organisation des activités des acteurs. Toutefois, cela facilite l’affirmation de nouveaux acteurs comme les exploitants des systèmes énergétiques et multi-services. Plus largement, la recherche montre que les retours d’expériences, de plus d’une quinzaine d’années autour de l’exploitation des quartiers durables, contribuent à un processus d’apprentissage interprofessionnel, dont les sédimentations produisent de nouvelles références techniques ou de projets, et participent au renouvellement des cultures professionnelles. De cette manière, l’activité de conception se transforme. L’analyse met notamment l’accent sur l’importance des objets techniques dans la consolidation des apprentissages des acteurs, des objets autour desquels se cristallisent les enseignements et les retours d’expériences.
Composition du jury
Véronique BIAU, Architecte-Urbaniste en chef de l’État, École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-La Villette (Rapporteure)
Gilles DEBIZET, Maître de conférences, Université Grenoble-Alpes (Rapporteur)
Joëlle FOREST, Maître de conférence, Institut National des Sciences Appliquées de Lyon (Examinatrice)
Caroline GALLEZ, Directrice de recherche, Université Gustave Eiffel (Examinatrice)
Laurent MICHELIN, Directeur Innovation, Bouygues Immobilier (Membre invité)
Taoufik SOUAMI, Professeur, Université Paris-Est (Directeur de thèse)