Directeur de la thèse : Gilles Jeannot
Les caméras de surveillance font depuis quelques années partie de nos paysages urbains, voire même ruraux. Ces dispositifs n’ont pourtant pas réglé l’ensemble des problèmes qui ont amené à leurs déploiements dans de nombreux espaces publics. L’une des solutions proposées afin de régler ce défaut de la vidéosurveillance consiste alors en l’ajout de logiciels de détection automatique au système existant. Ces briques supplémentaires sont de différentes sortes : comptage de personnes, détection de types de véhicule, détection de dépôts sauvages, analyse de situations anormales, reconnaissance faciale etc. Les premiers usages de ces nouvelles formes de vidéosurveillance ont eu lieu en France, bien que celles-ci ne soient pas aussi nombreuses que dans d’autres pays.
Cette thèse cherche à apporter des première réflexions concernant ces nouveaux outils de surveillance et le contexte qui les entoure en les abordant par trois aspects principaux. Le premier de ces aspects concerne les développements scientifiques qui participent de la construction de ces nouvelles solutions de surveillance. Le deuxième aspect se concentre sur le débat public autour de la vidéosurveillance automatisée et la forme particulière que prend ce débat. Le troisième et dernier aspect interroge les utilisations, expérimentales pour la plupart, qui ont lieu en France, les objectifs et les conditions de ces usages.
Pour le premier aspect, ce travail tend à montrer l’importance particulière des infrastructures dans la réussite de ces outils d’intelligence artificielle. Que ce soit à l’étape du développement ou bien de l’usage, l’intelligence artificielle repose en grande partie sur tous outils, tous ces matériaux mobilisés dans son fonctionnement. Données, réseaux, capteurs sont autant de tamis par lesquels le travail du logiciel passe et qui imposent des limites techniques. Pour le second aspect, la recherche a exploré la question de la présentation de ces solutions techniques, de leur promotion ou de leur critique, en tant que problème, dans les débats publics ou bien dans les espaces économiques. Il en ressort que malgré une critique diffuse dans la société les arguments économiques dominent dans les rapports officiels. Pour le troisième aspect, alors que le sujet de la surveillance automatisée ne fait pas consensus, la thèse analyse l’ensemble des stratégies et ressources mobilisées afin de construire malgré tout un marché de la vidéosurveillance automatisée.
Soutenance de la thèse le jeudi 28 mars 2024
Année d’inscription : 2018
Ecole Doctorale : Organisations, Marchés, Institutions
Composition du jury :
Gilles JEANNOT, ENPC, Directeur de thèse
Anne-Cécile DOUILLET, Université de Lille, Rapporteure
Sylvain PARASIE, Sciences-Po Paris, Rapporteur
Valérie NOVEMBER, CNRS, Examinatrice
Clément MABI, UTC, Examinateur