Sofia Laborde

Présentation

Sofia Laborde a une licence en sociologie à l’Université de la Republica (Uruguay) et une maîtrise en sociologie à l’école doctorale de Sciences Po Paris. Elle a travaillé durant 8 ans dans la gestion des politiques publiques en Uruguay et récemment a décidé de changer de parcours professionnel et s’orienter vers la recherche. Depuis avril 2020 elle est en thèse CIFRE avec l’Université Gustave Eiffel et la R&D d’EDF. Elle travaille sur le traitement sociotechnique du respect de la vie privée dans les villes intelligentes. Elle est membre du LATTS (université) et du GRETS (secteur industriel) et contributrice au projet TRACES (Numérique, vie privée et société) d’EDF.

Projet de recherche

Le traitement sociotechnique du respect de la vie privée dans les villes intelligentes.

Le terme « ville intelligente », traduction de l’expression en anglais « smart city », est une notion floue décrivant une démarche d’automatisation informatique de différents processus de gestion des réseaux urbains (G. Jeannot et S. Bernardin, 2019). Il concerne la numérisation des fonctions traditionnelles des villes, l’installation des capteurs permettant de gérer autrement l’espace public, la construction de politiques publiques d’ouverture des données aux fins de transparence ou d’encouragement à l’innovation, et la création de nouveaux services, de plus en plus personnalisés, à destination les citoyens. Cette démarche s’appuie sur la création des systèmes d’information complexes (D. Guéranger et A. Mathieu-Fritz, 2019) capables d’intégrer, traiter et analyser les données des infrastructures techniques et des comportements des individus sur l’espace urbain (A. Picon, 2018).

Les systèmes d’information des VI traitent un éventail de données personnelles et non-personnelles. Ces données sont issues de trois sources : de la municipalité elle-même ; des entreprises qui assurent des missions de service au public ou qui gèrent des « utilities » (énergie, eau) ; et des habitants qui peuvent les produire sur une base volontaire ou sous forme de traces. A ce jour, le marketing territorial ou corporatif de ces projets annonce une série de promesses dont la gestion intégrée des services de la ville et le respect de la vie privée des citoyens, mais peu est connu sur le cheminement suivi par les gestionnaires des VI pour satisfaire ces promesses.

Ce projet de recherche reprend une interrogation classique de la sociologie : l’intérêt de comprendre comment les individus ou les acteurs collectifs gèrent l’articulation entre sphère publique et privée en l’occurrence des changements sociotechniques (à partir de G. Simmel, 1909). Il se positionne sur un chantier encore inexploré par cette discipline : l’intersection entre la privacy et les systèmes d’information des « villes intelligentes ».

Dans une perspective d’ethnographie combinatoire (N. Dodier et I. Baszanger, 1997), la thèse traite les matériaux empiriques issus d’un terrain principal d’enquête (la ville de Dijon en France) et d’au moins un terrain complémentaire (Turku en Finlande). Grâce à la circulation sur différents projets d’abord à Dijon puis à Turku, ce projet cherche à accumuler des séries de cas particuliers et identifier différentes formes d’action et leurs combinaisons possibles au sujet du respect de la vie privée dans les VI.

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