Mathilde Moaty :

Conflit et production urbaine. 

Mobilisations, matérialités et forme sociale patrimonialiste à Vila Leopoldina (São Paulo).

Directrice de thèse : Sylvy Jaglin
Co-directeur : Joäo Stte Whitaker Ferreira
Co-encadrant : Ozan Karaman

São Paulo est, depuis la fin des années 1980, un terrain d’expérimentation privilégié d’instruments de planification urbaine. Les équipes municipales successives de divers bords politiques mettent en œuvre de vastes projets de renouvellement urbain délimitant des périmètres d’exception à l’intérieur desquels des régulations spécifiques s’appliquent. Paramètres de construction flexibilisés et investissements privés facilités sont certains des principes censés servir de levier à la réhabilitation et à la transformation rapide du foncier et de ses usages, mais aussi au financement de logements populaires. Ces dispositifs s’avèrent inopérants pour contrer les immenses inégalités sociospatiales qui caractérisent la ville brésilienne. Au contraire, ils contribuent à des situations conflictuelles et à l’exclusion d’une partie de la population de l’accès à un logement digne.  

En 2016, un nouveau projet d’intervention urbaine (PIU), a été proposé à la municipalité par une multinationale brésilienne détentrice de foncier dans le quartier de Vila Leopoldina, dans la zone ouest de São Paulo. Ce projet de renouvellement urbain suscite d’emblée un conflit entre trois groupes d’acteurs ancrés dans le quartier : l’entreprise privée, élite économique et financière historique, structurante de la forme sociale brésilienne patrimonialiste ; des habitants de classe moyenne supérieure, petite élite locale installée plus récemment dans des condominiums verticaux sécurisés ; et des communautés d’habitants pauvres, exclues de l’accès à un logement digne. 

À partir d’une enquête de terrain à São Paulo et d’une analyse en ligne des réseaux sociaux et des consultations publiques, la thèse retrace la genèse du conflit et étudie les formes de mobilisation et leurs espaces, en s’intéressant particulièrement à la matérialité construite. Elle fait l’hypothèse que ce conflit territorialisé autour d’un instrument urbain (le PIU) est révélateur à la fois des structures sociales de la société brésilienne et de la production urbaine patrimonialiste caractéristique des grandes villes au Brésil. Pour le démontrer, la thèse analyse et confronte les économies morales territorialisées des trois groupes d’acteurs en conflit. 

Mots-clés : conflit ; production urbaine ; matérialité urbaine ; patrimonialisme ; économie morale ; São Paulo.

Soutenance le mardi 4 juin 2024

Année d’inscription en thèse : 2017
Ecole doctorale : Ville, Transports et Territoires (VTT)

Composition du jury :

  • Marie-Hélène Bacqué, Professeure, Université Paris-Ouest (Rapportrice)
  • Agnès Deboulet, Professeure, Université Paris 8 (Examinatrice)
  • Ana Fernandes, Professeure, Université de Fédérale de Bahia (Rapportrice)
  • Sylvy Jaglin, Professeure, Université Gustave Eiffel (Co-directrice de thèse)
  • Ozan Karaman, Chargé de recherche, CNRS (Co-encadrant de thèse)
  • João Sette Whitaker Ferreira, Professeur, Université de São Paulo (Co-directeur de thèse)

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