Ismail Hamoumi

Présentation des recherches

Les stratégies numériques déployées par les territoires, sous le nom de « ville intelligente », prennent des trajectoires diverses et donnent lieu à une variété de projets de territoire. Entre les plateformes territoriales de la donnée, la digitalisation des services publics locaux, la démultiplication des objets connectés au sein des délégations de service public, ou encore la mise en place de politiques d’inclusion numérique, nous observons la structuration d’un champ émergent d’action publique pluriel.

Nous souhaitons cerner l’émergence de ce champ où s’articule action publique, structuration d’une variété d’offres côté secteur privé et positionnement différencié d’un écosystème élargi d’universitaires, associations et citoyens. L’analyse des contributions aux projets de territoire et la compréhension des différentes incitations et réseaux d’acteur, à l’échelle locale, nationale et européenne nourrira cette démarche.

Notre objectif est de saisir comment se structure un discours et une pratique de plus en plus hégémonique et transversale dans la production urbaine, ce que nous avons qualifié par « les politique des villes et territoires intelligents ».

Nous analyserons à cet égard l’évolution des organisations au sein des collectivités territoriales, en identifiant comment le politique et le technique s’adaptent en fonction de la stratégie numérique engagée. Nous nous intéresserons également à l’articulation entre acteur public et privé au sein de projets innovants notamment liés à l’intégration d’objets connectés. Enfin, nous soulignerons comment l’environnement direct et l’écosystème d’acteurs jouent sur les feuilles de route par des initiatives locales (le rôle des garants scientifiques universitaires pour exemple), nationales (les appels à manifestation d’intérêt de type TIGA) ou européennes (l’européanisation des politiques numériques et le rôle des réseaux à l’image de l’Intelligent Cities Challenge).

Enfin, notre méthodologie se fonde sur l’étude des réseaux d’acteur s’articulant autour des villes moyennes. Ce choix est motivé par l’analyse des politiques des villes et territoires intelligents dans des contextes non-métropolitains où les contraintes en matière de ressources humaines, financières et techniques amènent l’adoption de leviers d’action et différenciation distincts. Ceci passe notamment par le recours plus important aux écosystèmes territoriaux locaux et à la co-construction, plus approfondie, des projets de territoires avec différents acteurs dont la légitimité se construit par ces opportunités, que nous qualifions d’ « interstices ».

Ainsi, notre projet de recherche nous permettra à terme de construire une lecture éco systémique et multi-acteur des politiques des villes et territoires intelligents en admettant pour hypothèse le caractère émergent et hégémonique sur les modes de faire dans le domaine des politiques publiques locales. De cet hypothèse découle notre étude sur les organisations et leurs mutations, les projets de territoires et leurs formes mouvantes, et enfin les incitations et réseaux d’acteurs impactant les stratégies numériques.

Les commentaires sont clos.