La soutenance aura lieuvendredi 8 septembre, à 14 h, à l’Ecole des Ponts ParisTech (salle P302 – 3ème étage de l’aile PRONY), à Champs-sur-Marne.
Résumé de la thèse : Cette thèse s’intéresse aux conditions d’émergence du risque sismique à Istanbul — avant que la catastrophe sismique ne se manifeste, en étudiant les structurations entre les échelles géographiques ainsi que les potentiels dialogues entre acteurs et entités parties prenantes dans cette émergence. Particulièrement après le séisme d’août 1999 dans la région de Marmara, l’horizon d’un potentiel grand séisme (olası depremi) à Istanbul assemble les acteurs de la fabrique de la ville autour de sa prise en charge. La recherche s’appuie sur une enquête qualitative pour suivre de près les opérateurs (les scientifiques, les ingénieurs, les institutions publiques de planification et de gestion des catastrophes, les entreprises de construction et de l’immobilier, les associations) qui, au sens de la sociologie des sciences et des techniques, « s’intéressent » au risque sismique. La complexification de la notion de « fabrique » permet de reconceptualiser les modes d’interactions entre les risques et les espaces urbains de manière conjointe, et ce, autour de deux faisceaux d’analyse. Le premier faisceau explore l’aspect performatif du risque sismique, afin de comprendre comment ce risque structure l’organisation de l’urbanisme à Istanbul. Dans un contexte d’instabilité économique et politique, les constructions fragiles constituent un enjeu d’intéressement au risque sismique et associent les acteurs du secteur de la construction tout en fragmentant le monde professionnel de l’urbanisme en retour. Le second faisceau examine, à l’échelle des quartiers, les assemblages locaux à l’œuvre dans la fabrique de l’espace urbain, en tant que produits matériels et sociaux des négociations stabilisées ou non des acteurs de l’urbanisme avec les habitant∙e∙s et leurs porte-paroles (maires de quartiers, associations, solidarités ou centres d’éducation à la catastrophe). Ces derniers mettent en évidence des alternatives pour prendre en charge les risques à partir de nouveaux savoirs. En revanche, leur réinstitutionnalisation à des échelons supérieurs questionne l’uniformisation des pratiques locales. La thèse met en évidence les relations complexes entretenues entre des risques appartenant a priori à des catégories différentes. Elle insiste sur l’idée qu’au gré des traductions du risque sismique, l’aléa sismique est dilué dans des assemblages plus larges d’acteurs, d’entités et de risques corrélés. Au prisme des dispositifs sociotechniques, la thèse éclaire la cohabitation délicate de ces risques en un même lieu, sinon des entremêlements voire des frictions.
Mots clés : fabrique urbaine, risque sismique, entremêlements, dispositifs sociotechniques, Istanbul
Composition du jury
Laurent Devisme, Professeur à l’ENSA Nantes (Rapporteur)
Valérie November, Directrice de recherche, CNRS (Directrice de thèse)
Jean-François Pérouse, Maître de conférences HDR, Université Toulouse Jean-Jaurès (Examinateur)
Sezin Topçu, Chargée de recherche, CNRS CEMS-EHESS (Examinatrice)
Elsa Vivant, Professeure, Université Gustave Eiffel (Examinatrice)
Albena Yaneva, Professeure, University of Manchester (Rapporteure)