Elsa Vivant soutiendra son Habilitation à diriger des recherches le mercredi 3 juillet 2019 à 14h00 (salle A202, bâtiment Bienvenüe, Cité Descartes) sous le parrainage de Marie-Hélène Bacqué.
Le jury est composé de :
- Anne-Laure Amilhat Szary, Professeur des Universités – Université de Grenoble-Alpes
- Marie-Hélène Bacqué, Professeur des Universités – Université Paris Nanterre
- Eric Charmes, Directeur de recherche – Ecole Nationale des Travaux Publics de l’Etat
- Laurent Devisme, Professeur des Universités – Ecole d’architecture de Nantes
- Boris Grésillon, Professeur des Universités – Université Aix Marseille
- Christine Lelévrier, Professeur des Universités – Université Paris Est Créteil
- Pascale Philifert, Professeur des Universités – Université Paris Nanterre
Le dossier est composé de quatre volumes. Le premier restitue ses activités de recherche et d’enseignement; le quatrième réunit un ensemble de publications significatives. Dans le second volume, Elsa Vivant expose l’évolution de ses perspectives de recherche, de la ville créative à la recherche-création en urbanisme, à travers l’exploration de quatre lieux-métaphores (la galerie d’art, l’atelier, la bibliothèque et le laboratoire), pensés comme des invitations à circuler entre les mondes de l’art et de l’urbanisme pour enrichir la compréhension des transformations urbaines et des pratiques urbanistiques et de recherche. La galerie d’art est le lieu-métaphore des formes d’instrumentalisation de la culture et de ses lieux dans les politiques urbaines et permet d’en identifier certaines contradictions. L’atelier est celui du travail, de ses transformations et de collaborations nouvelles entre des professionnels de la création et de l’urbanisme. La bibliothèque est l’espace où repose la question des formes de représentation (dont l’écriture) et du rapport entre l’urbanisme, activité projectuelle, et la fiction. Entrer dans le laboratoire est une invitation à de nouvelles expériences, articulant renouvellement des formes d’écriture de la recherche et pratiques contemporaines de la recherche en art. Il est le lieu-métaphore où s’est élaboré le troisième volume de cette habilitation, un essai de recherche-création, La Division du travail.
La Division du travail renvoie à la complexité de ce que l’on appelle désormais la fabrique urbaine. La métaphore du travail à la chaine exprime la dilution du sens et des responsabilités dans des projets au montage et à la gouvernance complexe ; ainsi que le poids des contradictions et des conflits éthiques que traversent les cadres intermédiaires dont la position dans le champ et dans la chaine ne leur offre que peu de prises sur les décisions qu’ils mettent en œuvre. Le texte prend la forme d’un récit mobilisant la documentation de l’enquête et assumant la subjectivité des enquêtés et de l’enquêteur par le recours à la fiction. Il est composé d’un montage de fragments et de formes dont la diversité traduit la fragmentation de l’activité en urbanisme et la pluralité des points de vue. Leur multiplication et leur composition ouvre les possibilités d’interprétation. Un récit parallèle, le journal d’enquête, met en abyme les situations observées dans le monde de l’urbanisme avec celles du monde de la recherche, où des contraintes similaires pèsent sur le travail et génère un même sentiment d’impuissance face aux changements institutionnels. Il relie les fragments et produit du sens pour le lecteur qui suit le récit d’une démarche de recherche, ses doutes, ses questionnements, ses découvertes. On croise une chercheuse, dont les travaux sont financés par une fondation privée, enquêtant sur les enjeux de la création d’un équipement récréatif en lien avec la réalisation d’une station de métro dans un quartier en renouvellement urbain. On la suit dans des réunions, des visites de terrain, des observations, des démolitions. On lit les matériaux d’archives qu’elle a récoltés. On rencontre les professionnels impliqués à différentes échelles, chacun représentant un enjeu et une catégorie d’acteur. On dérive vers d’autres problématiques relatives à la complexité des opérations de rénovation urbaine et des questions qui ne sont pas posées. On observe certains professionnels être débordés par les injonctions contradictoires auxquels ils sont confrontés. On partage leur sentiment d’impuissance. On se demande comment en sortir. On trouve des échappatoires, dans la mise à distance, l’expérimentation, l’expression artistique, la solidarité.