Analyse des processus de territorialisation des risques majeurs en Ile-de-France

Cette recherche postdoctorale porte sur les relations risques / territoires et les processus de gestion territorialisée des risques majeurs, notamment en milieu urbain. Elle est portée par le LabeX Futurs Urbains et s’inscrit à la croisée de trois laboratoires : LATTS sous la direction de Valérie November, LEESU sous la direction de Gilles Hubert et de José-Frédéric Deroubaix et Lab’Urba sous la direction de Jocelyne Dubois-Maury. Par là, la recherche comporte une dimension expérimentale de travail inter-laboratoires, et a vocation à s’articuler avec les problématiques des acteurs opérationnels.

Dans ce contexte, l’EPA ORSA (Etablissement Public d’Aménagement Orly-Rungis, Seine-Amont) et le projet qu’il porte dans le contexte de métropolisation de l’Ile-de-France (Projet du Grand Paris, métro express, CDT, nouvelles instances métropolitaines) et dans un territoire soumis à de nombreux risques, apparaissent comme un objet de choix.

Identifié depuis les années 90 comme l’un des secteurs à forts potentiels et enjeux pour le développement futur de la métropole parisienne, le territoire ORSA fait l’objet d’un OIN lancé en 2007, et l’EPA porte les différents projets répartis sur le territoire.
Globalement, les grands enjeux de ces opérations touchent à la reconversion économique (de l’industrie lourde à l’industrie/recherche de pointe, valorisation des infrastructures de logistique), à la mobilité (mieux relier le territoire à Paris (axe Nord-Sud), mais surtout favoriser les déplacements Est-Ouest au sein du territoire) et au développement du parc de logements. Dans ces enjeux déjà complexes viennent s’imbriquer les problèmes environnementaux, et notamment celui des risques majeurs.
En effet, le territoire de la Seine-Amont notamment est soumis à un fort risque d’inondation, avec de potentielles répercussions sur la métropole entière située à l’aval. De plus, de nombreux établissements Seveso et sites industriels à risque émaillent le territoire. Ainsi, une des questions centrales de l’EPA est : « comment faire la ville en zone à risques ?».

Le choix définitif des opérations d’aménagement qui seront étudiées, ainsi que le contour précis des questions de recherche, sont actuellement en cours d’élaboration, de façon concertée avec l’EPA. On peut cependant avancer quelques éléments.
Une piste concerne notamment les « effets » du processus d’aménagement urbain (entendu au sens large, depuis les premiers textes identifiant le territoire jusqu’aux maquettes présentées récemment, des décisions politiques à la mise en place des instances type EPA,  etc.) sur l’empreinte des risques dans le territoire lui-même.

Autrement dit, le fait qu’un territoire soit investi par un projet d’aménagement (avec les financements, les études, les rapports de force et les propositions et productions que cela implique), cela a-t-il un impact – et lequel- sur la façon dont les acteurs qui seront directement concernés par un événement considèrent le risque, se préparent et/ou s’organisent collectivement ? Ou bien, ces projets se développent-ils dans une sorte de « territorialité fictive», leur processus n’ayant d’impact sur le territoire « vivant » que lorsque les aménagements sortent de terre ?

L’idée est donc de mener une étude auprès de tous les acteurs qui seraient directement concernés lors d’une crue ou d’un accident industriel pour identifier les moyens et mesures mises en œuvre vis-à-vis de ces risques, et d’analyser la façon dont le processus d’aménagement initié dans les années 90 (pris sous toutes ses traductions) est intervenu/intervient (ou pas) dans cette construction des conditions de l’action en cas d’événement.

Il s’agira donc d’enquêter auprès des acteurs de la gestion de crise (services de secours, SIDPC…), auprès des entreprises implantées dans le secteur (sites industriels, opérateurs de réseaux de déplacement), auprès des associations etc… sur la façon dont elles considèrent les risques, et les traduisent dans des plans/mesures/outils /organisations.  L’analyse visera ensuite à identifier, dans ces différentes traductions du risque, les traces du processus de projet urbain afin d’éclairer dans quelle mesure et selon quelles modalités ce type de projet intervient dans le processus de territorialisation des risques.

Le site des Ardoines paraît à cet égard particulièrement intéressant, dans la mesure où le projet est sur le point d’être concrétisé et que les premières opérations devraient commencer bientôt. Un autre site de projet pourrait être inclus dans l’étude, à des fins comparatives. Sa définition est encore en cours.

Mots clefs : Risques majeurs, Territorialisation, Projets Urbain, Action en situation

 

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