Directrice de thèse : Sylvy Jaglin
Dans les villes d’Afrique subsaharienne, où le taux moyen d’accès à l’électricité est de 60% à 70%, garantir l’accès à tous à l’électricité reste un défi. Dans ce contexte, le développement du « grand réseau centralisé », priorité des pouvoirs publics, et la multiplication des solutions décentralisées, telles que les systèmes solaires photovoltaïques (PV) conduisent à des configurations électriques urbaines hybrides. La thèse part de ce constat, dont les conséquences pour les politiques d’électrification et pour la transition énergétique urbaine sont encore mal évaluées, et vise à éprouver l’hypothèse d’une adaptation contrainte des systèmes électriques nationaux dans des villes à forte croissance démographique et économique.
Au croisement de travaux issus des Transition Studies, de l’écologie politique urbaine et de la justice énergétique, elle développe trois axes de recherche. Le premier analyse comment l’hybridation électrique est concrètement incarnée dans des dispositifs urbains (technologies, acteurs, échelles, territoires, mécanismes de marché, cadres réglementaires et politiques, etc.). Le deuxième explore si et comment émergent des formes de gouvernance de cette hybridation et s’intéresse aux représentations et imaginaires sociotechniques qui les inspirent. Le troisième interroge la manière dont l’essor du solaire PV est façonné par les inégalités socio-environnementales urbaines et impacte en retour ces dernières, en même temps qu’il conduit de facto à une redéfinition d’un service essentiel.
Privilégiant les interfaces sociotechniques entre solutions décentralisées et grand réseau comme « sites » d’observation des transformations à l’œuvre, la méthodologie s’appuie sur un inventaire et une cartographie détaillés de la diversité des modes d’urbanisation du solaire PV, une analyse de l’évolution des cadres législatifs et réglementaires ainsi qu’une étude des pratiques réelles d’installation et d’usage des dispositifs hybrides d’accès à l’électricité. Attentive aux rapports de pouvoir qui façonnent ces interfaces et aux inégalités qu’elles engendrent, elle s’appuie aussi sur des outils d’analyse des discours et des représentations qui accompagnent et influencent les transformations à l’œuvre. Le terrain d’investigation privilégié est la région de Dakar au Sénégal. Cette étude de cas sera ensuite mise en perspective avec d’autres contextes urbains sur le continent.
Année d’inscription : 2023
Ecole doctorale : Ville, Transports et Territoires (VTT)