Habitat intelligent : évolution des métiers et besoins en compétences dans les organismes du logement social

Individuel ou collectif, l’habitat fait, depuis de nombreuses années, l’objet de pronostics sur le rôle croissant que les technologies seraient amenées à y tenir. L’essor du numérique a relancé la promesse d’une révolution de l’habitat et des modes de vie par la domotique : ce ne sont plus seulement des robots qui pourraient prendre en charge diverses tâches astreignantes ou répétitives, mais des outils numériques qui permettraient de piloter les automates à distance, qu’il s’agisse de régler la température, d’actionner la fermeture et l’ouverture de divers équipements, de contrôler les intrusions, ou qui, par les mesures constamment fournies, rendraient possibles une connaissance des pratiques de consommation énergétique, une analyse de leurs effets et une transformation de ces pratiques. L’habitat intelligent permettrait aussi bien d’aider au maintien des personnes âgées à leur domicile en les aidant et en les sécurisant, que, pour des femmes et des hommes constamment soumis à la mobilité, de s’occuper du domicile à partir d’un lieu de travail ou de villégiature, ou, pour les familles, de se rendre conscientes de leurs pratiques quotidiennes et des conséquences, autant économiques qu’environnementales, sur les consommations d’énergie pour, étant mieux informées, optimiser leur recours à l’énergie.

La maîtrise énergétique par le biais des technologies est l’une des composantes les plus actives de l’évolution de l’habitat. Les technologies numériques se combinent ici à celles qui rendent envisageable de diminuer la consommation en énergies et ressources de l’environnement de toutes sortes. Les organismes HLM s’engagent dans des programmes de construction visant à répondre aux exigences du développement durable. Les bâtiments et logements concernés sont susceptibles d’intégrer des technologies, des équipements, dont le potentiel (régulation de la consommation d’énergie, sécurité des personnes et des biens, maintien de personnes âgées au domicile…) donne de la valeur à l’habitat mais en introduisant auprès des occupants d’importantes exigences (par exemple de manipulation ou de contrôle de ces équipements). Les usages de l’habitat et des équipements par les habitants sont susceptibles de devenir une question clé, pour les équipes de maîtrise d’ouvrage et pour celles en charge de la maintenance, mais aussi pour les équipes de proximité.

De quelle manière les technologies entrant dans les nouvelles constructions ou les ensembles réhabilités entraînent-elles des évolutions des missions confiées aux diverses équipes et de leurs activités de travail concrètes ? Comment les métiers sont-ils touchés, en profondeur ou à la marge ? Quels enjeux peut-on identifier en matière de compétences et de gestion de ces compétences ? Ce sont sans doute là les dimensions des mutations technologiques de l’habitat les moins connues et les moins travaillées à ce jour par les organismes du logement social. La recherche vise à réaliser un premier examen de ces questions et à fournir des repères pour quelques grandes catégories de métier : la maîtrise d’ouvrage, la maintenance et les équipes de proximité. Elle entreprend de rendre compte de la façon dont l’habitat intelligent se manifeste, à l’heure actuelle, dans l’activité de travail des trois catégories de personnel évoquées. Elle s’efforce de dire dans quelle mesure ces évolutions plus ou moins prononcées de l’activité confrontent les métiers à des déplacements et recompositions qu’il s’agira de qualifier : prolongement, inflexion, rupture vis-à-vis des métiers existants ? A un niveau plus fin, il s’agit aussi d’aller vers l’identification de compétences qui commenceraient à apparaître comme constituant des enjeux parce que peu ou pas développées dans la configuration classique de chacun des métiers.

Mots-clés  : Logement social ; habitat intelligent ; métiers ; compétences.

Méthode : La recherche repose sur une démarche d’enquête qualitative et procède par entretiens et par observations auprès des représentants de trois ensembles de métiers : la maîtrise d’ouvrage, la maintenance, les équipes de proximité. Des entretiens complémentaires interviennent également. Ils visent à documenter et comprendre :

a) la réalité de l’activité et la façon dont les situations de travail confrontent les personnels à des problèmes liés aux bâtiments et équipements de nouvelle génération ;

b) la façon dont les agents les envisagent et les font entrer – beaucoup ou peu, avec facilité ou avec difficulté – dans leurs pratiques professionnelles, l’interprétation qu’ils en font du point de vue de leurs représentations et pratiques du métier ;

c) les cas de figure, les situations professionnelles concrètes où se manifestent des enjeux de maîtrise de l’activité à réaliser et donc de montée en compétence. Ce travail d’enquête constitue un support d’apprentissage de la recherche-action pour des étudiants de niveau master et/ou des élèves ingénieurs.

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