Depuis une quinzaine d’années, les villes font face à l’essor du numérique. Ce sujet est mis à l’agenda non seulement par les acteurs publics qui se sentent plus ou moins sommés d’entrer dans la modernité de la « smart city », mais aussi par une grande diversité d’acteurs extérieurs au champ urbain traditionnel, qui y voient des opportunités économiques. La thèse s’appuie sur une enquête menée dans les métropoles de Nice, Rennes et Montpellier. Elle interroge les effets du numérique sur les dynamiques d’action collective et sur les liens entre policies et politics. L’analyse détaillée des modalités d’appropriation par les collectivités locales montre que l’emphase communicationnelle est souvent supérieure aux réalisations concrètes, mais que le tournant numérique n’en est pas moins porteur de déstabilisations assez fortes, en bousculant les pratiques, mais aussi et surtout en faisant naître de nouvelles interrogations sur les fondements mêmes de leur action. L’enquête montre ensuite que derrière les rhétoriques d’affichage très standardisées se dessinent des parcours et des accentuations différentes dans les trois territoires, en même temps qu’apparaissent les contours d’une trajectoire spécifiquement française des métropoles dans leur rapport au numérique. Enfin, la thèse met en lumière l’affirmation avec le numérique de la figure de la plateforme, que ce soit dans les pratiques, les discours ou les imaginaires des acteurs. Celle-ci révèle en même temps qu’elle précipite une rupture avec le modèle de la ville des réseaux qui a dominé nos imaginaires depuis 150 ans, et dont la thèse explore les conséquences politiques.
Soutenance de thèse le vendredi 18 décembre 2020
Nicolas Douay, Professeur des Universités, Université Grenoble Alpes (rapporteur)
Patrick Le Galès, Directeur de recherche au CNRS, Professeur à Sciences Po Paris (rapporteur)
Cécile Maisonneuve, Présidente de la Fabrique de la Cité
Antoine Picon, Directeur de recherche, École Nationale des Ponts ParisTech (Directeur de thèse)
Antoinette Rouvroy, Chercheuse qualifiée du Fonds National de la Recherche Scientifique en Faculté de Droit, Université de Namur, Belgique