Directeur(s) de la thèse : Jean-Pierre Levy et Mathilde Gralepois
À la croisée des recherches sur le risque et des études urbaines, la thèse choisit d’interroger la mise en place des comités de quartier de gestion de crise (CCE de leur nom en espagnol), dispositifs participatifs promus par la politique nationale de gestion du risque au Costa Rica depuis 2006, et constitués à San José, capitale du pays, depuis 2012. Créés à l’initiative des municipalités, et composés exclusivement par des habitants, les CCE visent à impliquer dans les actions de gestion du risque les résidents des territoires impactés par des situations d’urgence.
Dans l’espace métropolitain costaricien, ces dispositifs sont notamment constitués dans les quartiers affectés par les inondations urbaines, débordements perturbant le quotidien de la ville, emblématiques des risques dits « urbains ». Ces derniers sont liés à des facteurs morphologiques, ainsi qu’aux processus de peuplement, aux activités et services urbains.
En adoptant une approche systémique, l’enquête s’intéresse aux relations tissées entre les agents municipaux et les riverains au sein de ces comités participatifs. La thèse s’appuie sur des terrains empiriques variés : une étude d’archives institutionnelles, un travail cartographique, et la réalisation d’entretiens et d’observations participantes dans deux quartiers aux profils socio-économiques différents, Barrio Luján et La Carpio.
La thèse montre que des dispositifs verticaux, a priori conçus par des bureaucrates pour diffuser une « culture du risque » au sein de la population, sont instrumentalisés tant par les résidents que par les fonctionnaires locaux, afin de défendre leurs projets et leurs intérêts respectifs dans les territoires concernés. L’approche systémique et comparative révèle que cette instrumentalisation n’est pas univoque, ni fixe : elle évolue au rythme des interactions entre les deux acteurs. Ainsi, en éclairant le caractère contextuel et dynamique de la définition du risque selon les quartiers, la thèse attire l’attention sur le caractère instable des catégories proposées par la gestion publique du risque, réinvesties et débordées par la manière dont les habitants se les approprient. Dans les deux cas étudiés, les riverains ne cessent de rappeler les limites de la politique publique et ses contradictions quant à l’objectif affiché. De ce point de vue, la thèse permet de souligner l’apport des conceptions habitantes du territoire, et invite à une réflexion sur de nouveaux cadres pluralistes pour les politiques du risque.
Mots clés : gestion du risque, inondations, participation, mobilisations, ville, Costa Rica.
Soutenance de thèse le mardi 15 décembre 2020, 14h00
Année d’inscription : 2014
Ecole doctorale : VTT- Ville, Transports et Territoires
Composition du jury
Bruno Barroca, Professeur des universités, Université Gustave Eiffel, examinateur
Mathilde Gralepois, Maitresse de conférences – HDR, Université de Tours, co-directrice
Jean-Pierre Lévy, Directeur de recherche, CNRS-Latts, directeur de thèse
Patrice Melé, Professeur des Universités, Université de Tours, rapporteur
Pascale Metzger, Chargée de recherche – HDR, IRD, rapporteure
Valérie November, Directrice de recherche, CNRS-Latts, examinatrice
Julien Rebotier, Chargé de recherche, CNRS-LISST, examinateur
Helga-Jane Scarwell, Professeure des universités, Université de Lille, examinatrice