Animateurs : Valérie November, Arina Rezanova, Noémie Suissa
L’axe RUE s’est construit autour d’un questionnement fort, interrogeant la spécificité des risques observés en milieu urbain, en référence à des pratiques industrielles (notamment après la catastrophe d’AZF) autant qu’à des phénomènes naturels (inondations ou séismes par exemple). Dès sa création, en 2015, il a pu s’appuyer sur des réflexions engagées sur ce thème dans le cadre de programmes de recherche et de séminaires pluriannuels animés par Valérie November et Jean-Pierre Galland. Il s’est ainsi nourri de l’apport de disciplines variées, entre science and technology studies (STS), géographie, sociologie, science politique, en vue de revisiter la question urbaine et environnementale au prisme de la thématique des risques, et réciproquement.
A partir de l’analyse de configurations variées, relevant ou non de mondes urbains, ses membres développent une réflexion collective sur les savoir-faire professionnels autant que sur les dispositifs techniques et juridiques participant à la définition concrète de situations ou de pratiques jugées « à risque ». Ils s’intéressent en particulier à des outils apparemment spécialisés, à l’image des retours d’expériences ou des exercices de gestion de crise, déployés dans des domaines aussi différents que ceux de la gestion des ressources naturelles, de l’innovation industrielle, ou encore du nucléaire. C’est ainsi que les chercheurs de l’axe en viennent à questionner l’évidence de la catégorie de risque et des pratiques l’accompagnant de nos jours, voire du cadrage politique ou professionnel qui en est fait.
La réflexion engagée a notamment pour objectif de comprendre comment s’opère une diffusion apparemment lente mais inéluctable de la catégorie de risque à de nombreux domaines auparavant étrangers à cette notion, dont les acteurs sont maintenant appelés à se familiariser avec le vocable et les logiques de la crise, de la prévention, de l’aléa, de l’assurance, ou encore de la gestion de l’incertitude. Les notions émergentes telles que les risques interreliés, les effets cascade, l’anticipation et la circulation des savoirs sont également visitées. La perspective de l’axe est résolument multi-risques et explore ceux-ci à toutes les échelles spatiales et temporelles.
Un séminaire permet d’aborder ces questions entre chercheurs d’horizons disciplinaires variés. Ouverts aux intervenants extérieurs, il vise non seulement à favoriser l’élaboration d’hypothèses de travail communes aux membres de l’axe, mais aussi à structurer un débat fécond, ouvert et pérenne, avec des acteurs professionnels soumis à des injonctions nouvelles, entre gestion de crise et pratiques de prévention notamment. Afin d’élargir les questionnements et de se nourrir d’autres perspectives, des séances sont organisées en collaboration avec d’autres axes du laboratoire, tels Politique, marchés et mondes urbains (PMMU) et le séminaire Activités et professionnalités. Plusieurs journées d’étude sont également organisées.
Des projets de recherche contribuent par ailleurs à structurer le collectif des membres, tout en l’ouvrant à des perspectives nouvelles. UrbaRiskLab dirigé par Valérie November et financé par l’I-Site FUTURE (défi « ville sûre et résiliente »), s’inscrit par exemple dans le prolongement du programme Euridice (« Equipe de recherche sur les risques, dispositifs de gestion de crise et des événements majeurs ») mené en partenariat avec le Secrétariat Général de la Zone de Défense et de Sécurité de la Préfecture de Police de Paris de 2015 à 2018.